L’ombre se faufila entre les arbres, les buissons. Ses poursuivants se rapprochèrent. Ce que contenaient les chiffons qu’elle tenait serré entre ses bras puissants était trop précieux pour qu’elle le leur cède. Enfin elle arriva à l’arbre qu’elle cherchait. Elle déposa les chiffons dans le creux de l’arbre et continua à courir après s’être assuré qu’ils étaient bien cachés. Les bruits de pas venant de derrière son dos lui indiquèrent qu’elle devait partir au plus vite si elle voulait rester en vie. Elle arriva au bord d’une falaise. Ses poursuivant l’avaient rattrapés et l’encerclaient. L’un d’eux, probablement le chef, la menaça de son couteau. Elle ne vit d’autre échappatoire que de se jeter dans l’eau, au risque de se tuer. Mais elle préféra mourir libre plutôt que sous la torture et l’humiliation qu’on lui infligerait, pour la faire parler, si elle était prise. Elle recula de quelques pas et lança un regard de triomphe en réponse à la menace du couteau. Elle bascula, sous les regards incrédules et rageurs, dans le vide. Elle n’eu le temps qu’infime d’entendre le cri de rage de l’homme au couteau avant de mourir et ce simple cri lui tira un sourire. Sourire qu’elle gardera graver dans la mort. Les hommes repartirent, laissant pour seuls témoins, le corps emporté par les eaux et les arbres. Le tas de chiffons, remuait bien à l’abri, dans son tronc.
Le ciel se couvrait dans la vallée de Lycane. Les deux aventuriers s’étaient avancés un peu trop loin et l’averse menaçait. Ils arrivèrent sous un grand arbre creux. Des feuilles trop bien mises pour êtres naturelles cachaient un trou. Ils s’en approchèrent et y découvrirent un tas de chiffons. Un tas de chiffons rempli d’une chose rosâtre presque blanche.
<<On en fait quoi ? On le prend ou on le laisse ici ?
- Quelle question ! On le prend bien sur. Regarde, c’est vivant !
-Ok. Mais c’est toi qui le portes. Aller on rentre il pleut. >>
Ils repartirent en direction d’Arigan, les chiffons sous le bras, courant sous les gouttes de pluie. Après quelques minutes de course, ils arrivèrent au village et entrèrent dans leur maison. Ils ôtèrent leurs vêtements et allumèrent un feu dans la cheminée puis, ils posèrent leurs sacs et leur trouvaille et décidèrent de regarder dedans. L’un d’eux poussa un cri de surprise que l’autre étouffa de sa main.
<<Chut ! Ne cri pas si fort Jel. Tu vas alerter tout le village. Il faut cacher cet humain. Si les autres le découvrent… Demandons à Ril’fian s’il accepte que nous le gardions et l’élevions comme un elfe !
-Tu as raison Nial, sauf que ce ne sera pas comme un, mais une elfe ! C’est une fille.
-Arg. Je ne suis qu’une triple buse mais tu sais moi et les filles...
-Ne t’en fais pas ! Je suis sure qu’elle ne nous posera pas de problèmes ! Si elle peut rester …
-Dès demain nous la présenterons au roi.
-Il faut dormir ! Ne faisons pas de bruit pour ne pas la réveiller. >>
Le sommeil des deux elfes fut achevé par un cri déchirant la nuit. L’humaine avait faim et il fallait que l’un d’eux s’en occupe. Après une partie de papier-ciseaux, Jel dû trouver de quoi nourrir la petite chose. Les yeux cernés, il réveilla Nial à l’aube et ils déjeunèrent succinctement. Ils se vêtirent et même simplement vêtus, ils restaient gracieux et élégants. Quand ils arrivèrent devant le roi, ils s’inclinèrent le plus respectueusement possible et leur requête fut exposée.
<< Que me vaut le plaisir de vous voir ici mes amis ? demanda le roi avec une voix grave mais douce et rassurante avant de poursuivre : Cela fait longtemps que vous ne m’avez dérangé !
- Excuses-nous, ô mon roi, mais nous avons à te parler en privé. Accepterais-tu de nous accorder audience ?
- bien sûre mes amis ! Allons dans la pièce d’à côté.
-Voici, la raison de notre présence ici. Nous l’avons trouvée hier dans un arbre creux, dissimulée par les branches et le feuillage. >>
Jel, Tremblant, ouvrit le Tas de chiffon et le présenta au roi. Celui-ci regarda la petite chose rosâtre gigoter doucement et poussa une exclamation de surprise.
<< Je comprend que vous l’ayez ramené mais… Que comptez vous en faire ? Demanda le roi soucieux.
-Nous voulions te demander… Commença Jel.
-Si tu voulais bien… Poursuivit Nial.
-Accepter que nous l’élevions comme une elfe. Achevèrent ils ensembles.
-Hum… Fit le roi après avoir longuement réfléchit. Si cette enfant ne nous pose pas de problèmes, je n’y vois pas d’inconvénient. Mais ses origines resteront secrètes. Même pour elle ! Elle ne découvrira la vérité que lorsqu’elle aura 17 ans. >>
Jel et Nial s’inclinèrent puis repartirent, tenant le bébé dans leur bras, rentrant dans leur hutte. Ils ne se doutaient pas de ce qui, 17 ans plus tard, arriveraient. Aussi, appelèrent-ils la petite Iwidrel.
Toute ressemblance avec une autre oeuvre est totalement fortuite et ce n'est encore qu'un début.